Mémoire : à Rennes en 2008, déjà des tests osseux sur un mineur étranger

    
 


    Le mardi 4 mars 2008, au retour d'une sortie scolaire, un élève du lycée Victor et Hélène BASCH de Rennes était interpellé par la Police Aux Frontières (PAF) à la suite d'un contrôle d'identité. Alors qu'il présente une carte d'identité attestant de ses 16 ans, les policiers, se basant sur son apparence physique, affirment qu'il est majeur et le placent en garde à vue pour faire des examens médicaux afin d'établir son âge "véritable". Jeune homme de nationalité angolaise, Julio détient un document administratif du Cabinda, enclave gérée par les autorités angolaises. Mais sa pièce d'identité n'est pas juridiquement reconnue par la France.

    Ce lycéen sans problème, dont les parents ont été assassinés en Angola, a dû se plier à des tests osseux qui ont conclu à des résultats "en rapport avec un âge supérieur à 18 ans". Conduit en centre de rétention et sous l'effet d'une reconduite à la frontière et d'un renvoi vers l'Angola, il fallut à l'époque toute la mobilisation des enseignants et élèves de son lycée ainsi que de la société civile rennaise pour empêcher son expulsion. Entre l'arrestation du 4 mars 2008, une régularisation précaire niant sa minorité le 12 mars 2008 et le premier titre de séjour le 12 mai 2017, neuf années de lutte et d'angoisse se seront écoulées.

    Deux articles de presse de l'époque (ici et ) nous rappellent utilement que la chasse aux mineurs étrangers et le déni de la Convention internationale des droits de l'enfant ne se limitent pas à la période récente. Les autorités françaises se sont engagées depuis bien longtemps maintenant dans une politique migratoire de fermeture et de rejet.

   Un travail de mémoire permet parfois de mieux se rendre compte sur quelle pente dangereuse une civilisation s'est engagée. En avril 2018, le Défenseur des Droits, Jacques Toubon, s'est opposé à la pratique des tests osseux sur mineurs présumés (article de Libération ici). Puisse-t-il être entendu, sinon par le gouvernement qui a voté la loi asile et immigration de Gérard Collomb, au moins par une société civile qui doit davantage élever la voix dans ce débat.





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