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La voix [voie] des lucioles - une série d'émissions de radio amateur sur l'asile

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La voix [voie] des lucioles     Depuis avril-mai 2017, ce blog du projet Asylum et la page Facebook les lucioles Asylum publient divers articles de presse, informations sur les mobilisations militantes, sorties de films en salles et sorties littéraires, émissions du groupe Radio France pour sensibiliser le plus grand nombre à la question de l'accueil des migrants.     Asylum se met désormais à la radio amateur en effectuant de courts sujets de reportages sur Rennes. L'objectif est de faire entendre les points de vue et sensibilités des personnes concernées par la dureté de la politique migratoire : les migrants eux-mêmes, les parents d'élèves et enseignants témoins de l'expulsion du territoire français d'enfants scolarisés et de leur famille, les bénévoles et militants associatifs, des artistes, intellectuels et autres citoyens du monde touchés par le sujet. Émission 1 - 23 octobre 2019 (10 mn)    Reportage place de la mairie à Rennes sur la

Les kms Asylum

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        Courir a toujours eu une résonance politique très forte. Je le sais depuis mon adolescence et le choc de la découverte de Marathon Man (1976) de John Schlesinger avec Laurence Olivier et Dustin Hoffman. Une époque où Dustin est mon acteur préféré et où Little Big Man d'Arthur Penn forge, avec d'autres films, mon éducation politique. Je ne serai jamais du côté des Custer. Cette conviction se fond en moi quand je regarde avec horreur les images du massacre des cheyennes au bord de la rivière Washita (27 novembre 1868).    Courir a toujours eu un sens politique très fort. Même implicite, enfoui, quand il ne s'agissait que d'avaler des kms de sentiers forestiers et de routes de campagne. La nouvelle d'Alan Sillitoe, La Solitude du coureur de fond , lue tardivement m'a fait comprendre ce lien viscéral entre la course à pied et tout ce qui met en perspective notre perception du monde social. Il ne s'agit jamais de gagner, ni de courir pour un pou

Mémoire : à Rennes en 2008, déjà des tests osseux sur un mineur étranger

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           Le mardi 4 mars 2008, au retour d'une sortie scolaire, un élève du lycée Victor et Hélène BASCH de Rennes était interpellé par la Police Aux Frontières (PAF) à la suite d'un contrôle d'identité. Alors qu'il présente une carte d'identité attestant de ses 16 ans, les policiers, se basant sur son apparence physique, affirment qu'il est majeur et le placent en garde à vue pour faire des examens médicaux afin d'établir son âge "véritable". Jeune homme de nationalité angolaise, Julio détient un document administratif du Cabinda, enclave gérée par les autorités angolaises. Mais sa pièce d'identité n'est pas juridiquement reconnue par la France.     Ce lycéen sans problème, dont les parents ont été assassinés en Angola, a dû se plier à des tests osseux qui ont conclu à des résultats " en rapport avec un âge supérieur à 18 ans ". Conduit en centre de rétention et sous l'effet d'une reconduite à la frontière

Lettre de Robin Renucci à Françoise Nyssen, Ministre de la Culture

   Le monde éducatif dont Asylum est issu ne peut que s'inscrire dans le sillage de cette très belle lettre de Robin Renucci. Celle-ci date du 6 février 2018. Lettre de Robin RENUCCI à la ministre de la Culture Madame la ministre de la Culture,             Vous avez convié certain.e.s d’entre nous à la fin de l’automne à  un dîner pour parler de nos différentes actions auprès des exilé.e.s qui cherchent actuellement refuge en France. Nous vous avons proposé alors d’organiser une commission dont nous étions prêt.e.s à prendre la charge, afin d’établir un dialogue avec le ministère de l’Intérieur. Nous avons insisté sur la nécessité et l’urgence d’ouvrir ce dialogue entre les artistes, les acteur.trice.s culturel.le.s et le ministère de l’Intérieur, dialogue sans lequel tous nos efforts, tout notre travail en direction des milliers d’éxilé.e.s restent une goutte d’eau dans l’océan des violences qu’ils et elles subissent aujourd’hui sur notre territoire, dans cette France q

Deux témoignages de la bibliothèque vivante des Champs libres de Rennes

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  Julie et Emma sont deux élèves de 1ère ES du lycée Victor et Hélène BASCH de Rennes. Depuis le mois de septembre, elles travaillent en TPE (épreuve anticipée du baccalauréat) sur l'initiative citoyenne Asylum.   Progressivement, ce qui était de l'ordre du travail scolaire a pris la forme d'un investissement personnel. Une prise de conscience du monde et de ce qui se trame autour de ce que les médias appellent "la crise des réfugiés". A moins qu'il ne s'agisse plutôt d'une double crise plus profonde : une crise de l'hospitalité et une crise de la démocratie.    Dans cet article, Julie et Emma nous font partager leur expérience vécue au cours de la bibliothèque vivante organisée aux Champs libres de Rennes le vendredi 24 novembre.   A l’occasion du festival migrant’ scène, Emma et moi avons eu l’occasion de participer à notre première bibliothèque vivante. Au total douze réfugiés ont proposé leurs récits, tous remplis d’émotions..

Un mot et je serai guéri. (Être mineur et isolé à Paris) - texte de Marie Cosnay

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Nous reproduisons ici un texte de Marie Cosnay  dont le blog personnel est hébergé par Le Club, espace de libre expression des abonnés du journal Médiapart. Il fut publié le 14 novembre 2017. (lien ici ) Un mot et je serai guéri. (Être mineur et isolé à Paris) L’enfant passe et de l’autre côté, il est toujours en route, une route très différente de la première. Il dit que le mal, c’était avant, le mal c’est le désert et la chaleur et les biscuits du Maroc et le Salam et les policiers, les menaces, les tortures, le camp de Ceuta, le bateau et les coups sur la tête, les flots noirs et le corps dans le canal... Il n’y a ni avant ni après la route. Il y a les étapes de la route. Les camions, les mauvais traitements, les yeux ouverts sur le sable du désert et le fil, il y a le fil de la route, tendu à jamais. Il s’agit de quitter, pas de trouver. Il s’agit de quitter et de rester debout - même allongé sous les bâches ou plié dans le zodiac. Il s’agit d’être en mouvement, de c

La double absence d'Abdelmayek Sayad

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  Chapitre 8 : L’immigré, « OS à vie »               La réflexion sur la « double condition de travailleur immigré et d’OS », c’est-à-dire sur la relation qui lie l’une à l’autre, sur les effets mutuels de l’une sur l’autre constitue à notre sens le préalable indispensable pour comprendre, à la fois, la fonction de l’immigration, la situation de travailleur immigré (son statut social, la relation à son travail) et la qualification (sociale plus que technique) d’OS. L’usine Renault de Billancourt offre l’occasion la meilleure et aussi le terrain le plus approprié, à plus d’un titre, pour saisir l’effet de la conjonction presque systématique de la condition d’immigré et de la condition d’OS 1 . Un système de rapports déterminés             Comme la colonisation, dont Sartre avait dit, en un autre temps, qu’elle formait système, l’immigration constitue un système de « rapports déterminés, nécessaires et indépendants des volontés individuelles » en fonction duquel